UN JOUR, UNE ÉQUIPE • A 42 ans, le sélectionneur croate s’apprête à vivre sa première compétition à ce niveau en tant que coach. Appelé en urgence avant les barrages contre l’Islande, il n’avait auparavant entraîné que des sélections de jeunes.
Le président de la Fédération croate de football, Davor Suker, a voulu engager un “étranger” pour prendre en main l’équipe nationale après ses échecs contre la Belgique et l’Ecosse à la fin des éliminatoires pour le Mondial 2014 (la Croatie a fini deuxième de son groupe, derrière la Belgique). Mais, à la suite de la démission précipitée du sélectionneur Igor Stimac à un mois des barrages, il n’y avait pas de temps à perdre si l’on ne voulait pas rater le dernier train pour le Brésil. Niko Kovac, l’ancien capitaine de l’équipe nationale, qui était alors l’entraîneur de l’équipe nationale Espoirs, a été appelé au chevet de la sélection A.
En tant que joueur, Niko Kovac ressemblait plus aux Allemands qu’aux Croates. Il en est de même depuis qu’il est devenu entraîneur. “Niko est un leader né, un stratège et un motivateur hors pair. Ses entraînements sont fascinants, il planifie tout dans le moindre détail, il sait avec précision qui fait quoi et quelles sont les tâches de chacun sur le terrain à tout moment”, décrit celui qui était son adjoint dans l’équipe Espoirs, Marcelo Brozovic.
Dans tous les entretiens qu’il donne à la presse, Kovac ne manque jamais de souligner qu’il considère le football “avant tout comme un dur travail physique”. Il insiste sur un engagement total, que ce soit dans les phases offensives ou défensives, ainsi que sur le repli rapide des attaquants et des milieux de terrain après une perte de balle. Aux entraînements, ses mots préférés sont “travailler” et “bosser”.
Avec Stimac, une histoire de remplaçements
Niko Kovac a joué et travaille aujourd’hui de concert avec son frère Robert. Mais, à la différence de Robert, qui préférait s’entraîner à un rythme plus souple et qui fumait, Niko a été un vrai “Allemand” depuis ses débuts au Rapide de Wedding. Né à Berlin le 15 octobre 1971, il a commencé sa carrière en 1991 au Hertha [club historique de Berlin], avant de rejoindre le Bayer Leverkusen. En 1996, il fête sa première sélection avec la Croatie en remplaçant Igor Stimac à la mi-temps d’un match contre le Maroc (2-2, 7 t.a.b. à 6). Près de vingt ans plus tard, c’est aussi lui qu’il remplace à la tête de l’équipe nationale…
En 1998, le sélectionneur Ciro Blazevic l’écarte de la grande équipe croate (qui échouera en demi-finale du Mondial face à l’équipe de France) sous prétexte d’une blessure dont il ne s’était pas rétabli. Niko ne l’a jamais oublié. Du Bayer, Kovac passe au Hambourg SV, avant d’être transféré en 2001 dans le club dont tout joueur allemand rêve : le Bayern de Munich. Entre 2003 et 2006, il revient au Hertha Berlin. Pendant cette période, Niko Kovac porte le brassard de capitaine de l’équipe nationale croate. Il achève sa carrière à Salzbourg, où il vit toujours. Lors de son match d’adieu, l’équipe du Bayern est venue le saluer en signe d’amitié et de respect.
“Tout de suite au travail”
Son statut de commentateur de la Bundesliga autrichienne et de la Ligue des champions pour la chaîne Sky Autriche témoigne de sa réputation de technicien. Le sommet de sa carrière d’“expert” fut lorsqu’il a été appelé à commenter, depuis le studio de Munich, la rencontre entre Manchester City et le Bayern, en compagnie du Kaizer Franz Beckenbauer. L’été dernier, l’Austria de Vienne a failli l’engager alors qu’il n’avait jamais entraîné une équipe senior auparavant.
Niko Kovac a commencé sa carrière d’entraîneur avec les Espoirs, début 2013, et a enchaîné cinq victoires en autant de rencontres avant de prendre en main l’équipe première. “C’est un grand honneur d’avoir repris l’équipe nationale. Je pars tout de suite au travail”, a déclaré aussitôt le nouveau chef de la sélection croate. En moins de quatre semaines, il a qualifié la Croatie pour le Mondial brésilien, après la victoire contre l’Islande aux barrages [aller : 0-0 ; retour : 2-0].