LA CRAVATE, attribut vestimentaire incontournable de la mode masculine, tire son origine de la bande d’étoffe portée autrefois par les cavaliers croates qui servirent dans le régiment du » Royal-Cravate » au temps de Louis XIII et Louis XIV. Adoptée par la Cour de Versailles, elle s’imposa dans le monde. Accessoire essentiel, la cravate permet, selon Balzac, de « connaître celui qui la porte », réflexion appuyée par La Rochefoucauld, qui affirmait que « le noeud est à la cravate ce que le cerveau est à l’homme »… Aujourd’hui, le Petit Robert propose d’ailleurs la définition suivante : Cravate, 1651, » bande de linge que les cavaliers croates portaient autour du cou « ; forme francisée de Croate. En effet, c’est le mot Hrvat, forme croate de Croate, qui a donné krvat, puis cravate. On le retrouve également dans les autres langues : cravat/tie (ang.), krawatte (all.), corbata (esp.), cravatta (it.), gravata (port.), kravat (hong.), krawat (pol.), krawatt (suéd.) ou… kravata (croa.).
LES RÉGIMENTS CROATES DE NAPOLÉON. Ces soldats croates se sont notamment rendus célèbres devant Moscou en 1812 et à la bataille de la Berezina le 1er janvier 1813, sauvant Napoléon qui leur adressa le message suivant » Hier j’ai pu m’assurer de mes propres yeux de votre courage et de votre fidélité. Vous avez acquis la gloire immortelle et l’estime, et je vous place parmi mes meilleures troupes « . Sous le péristyle de la Cour d’honneur de l’Hôtel des Invalides, une plaque commémorative rappelle l’engagement de soldats croates aux côtés de l’empereur.
MARCO POLO. Selon une tradition, le navigateur, qui participa en 1298 à une bataille navale livrée à proximité de Korcula par les Vénitiens contre les Génois, où il fut fait prisonnier, serait né dans la ville de Korcula en 1254. Sa maison natale présumée est située près de la cathédrale, à droite du campanile.
LA PLUS ANCIENNE PHARMACIE. C’est à Dubrovnik que fut inaugurée en 1317, dans le couvent des Franciscains, la plus ancienne pharmacie d’Europe. Un siècle plus tard, en 1434, c’est aussi le premier orphelinat qui verra le jour dans la cité-république croate.
RICHARD COEUR DE LION. La cathédrale de Dubrovnik fut rebâtie entre 1672 et 1713 sur les ruines d’une église romane élevée, selon la légende, grâce aux dons de Richard Coeur de Lion qui, de retour de Terre sainte, fut victime d’un naufrage et trouva refuge à Dubrovnik.
LA RÉVOLTE DE VILLEFRANCHE-DE-ROUERGUE. Durant la seconde guerre mondiale, un détachement de quelque cinq cents Croates enrôlés de force par les nazis et stationnés dans le sud de la France occupée s’est mutinée contre l’occupant le 17 septembre 1943. Tous les officiers nazis sont tués dans l’insurrection et Villefranche-de-Rouergue devient » ville libérée » l’espace d’une journée, avant que la révolte ne soit étouffée dans le sang. Aujourd’hui, une » avenue des Croates » rappelle cet épisode tragique de l’histoire de la ville. La » révolte des Croates » a fait l’objet de plusieurs ouvrages publiés en France.
LA PIERRE BLANCHE DE BRAC. Depuis l’Antiquité, des millions de tonnes de cette pierre blanche réputée ont été extraites du sol crayeux des carrières de Pucisca sur l’île de Brac et furent utilisées pour construire des bâtiments sur l’île, en Croatie (palais de Dioclétien) et à l’étranger (Parlement viennois, parlement de Budapest, Maison blanche à Washington, monument commémoratif du Canada à Vimy).
LA PLUS ANCIENNE CATHÉDRALE DU MONDE. La cathédrale Saint-Domnius (Sveti Dujam) de Split, sur la côte dalmate, est quant à son architecture la plus ancienne cathédrale du monde. En effet, sa nef et son abside ne sont autre que l’ancien mausolée de Dioclétien érigé vers la fin du IIIe siècle. C’est en 650 qu’il fut reconverti en cathédrale par l’archevêque Jean de Ravenne qui y installa les reliques des saints martyrs Domnius (Dujam) et Anastase (Stas). Seul le campanile, aujourd’hui symbole de Split, fut élevé entre le XIIIe et le XIVe siècle. L’ironie de l’histoire veut que l’empereur Dioclétien resta dans les mémoires comme l’un des plus féroces persécuteurs des chrétiens…
LA GUZLA. Seul mot croate entré dans la langue française retenu par le Petit Robert : Guzla [gyzla] n. f. – 1791; mot croate. Instrument de musique monocorde, espèce de violon, en usage chez les peuples dalmates. » La Guzla « , récit de Mérimée. Un second terme, ban, figure quant à lui uniquement dans l’édition du Grand Robert et désignait le plus haut titre de noblesse en Croatie, après le roi. Voir également cravate.
LE MONUMENT À LA PAIX, qui trône devant l’entrée du siège de l’Organisation des Nations unies, à New York, est l’œuvre du grand sculpteur croate August Augustincic (1900-1979).
LE PARACHUTE. Si dès 1495 Léonard de Vinci décrivit et dessina un parachute, c’est à Faust Vrancic (1551-1667), originaire du port croate de Sibenik et connu en Italie sous le nom de Veranzio, que l’on doit l’étude de la résistance de l’air sur la voilure, Machinae novae, où figure la première représentation d’un parachutiste, dénommé homo volans (1615). En 1783, Louis Sébastien Lenormand proposa le mot parachute, et le 27 octobre 1797, André-Jacques Garnerin effectua la première descente réelle (environ 1000 m), à partir d’un ballon.
LA TORPILLE. C’est à Rijeka, premier port croate, doté dès le XIXe siècle d’industries puissantes et de chantiers navals, que fut inventée en 1866 la torpille, arme redoutable qui fut rapidement employée par toutes les marines de guerre du monde, tant elle bouleversa la stratégie militaire navale.
LE STYLO MÉCANIQUE. A l’instar de Waterman, l’ingénieur zagrébois Slavoljub Penkala breveta en 1907 le stylo mécanique à réservoir intégré, ancêtre du fameux Rotring, bien connu des dessinateurs industriels. Le succès fut tel en quelques années qu’il s’exporta dans le monde entier, de Paris à Tokyo, de Vienne à Los Angeles.
LE BALLON DIRIGEABLE. L’inventeur zagrébois, David Schwartz (1852-1897), a construit le premier ballon dirigeable à armature métallique dont les prototypes volèrent à Saint Petersbourg (1894) et à Berlin (1897). A sa mort, ses plans furent rachetés à sa veuve par le célèbre constructeur allemand, le comte von Zeppelin, qui fit voler en 1900 son premier « Zeppelin ».
LA TECHNIQUE DES » EMPREINTES DIGITALES « , ou méthode dactyloscopique, est l’invention du criminologue croate Ivan Vucetic (1858-1925), d’où également le terme de méthode » vuceticienne « , toujours employé dans la police.
LE DALMATIEN. Comme son nom l’indique, la Dalmatie, région côtière de la Croatie, est la patrie d’origine de ce chien atypique qui fut jadis employé comme chien de garde aux confins de la Croatie et de la Dalmatie, notamment dans la guerre contre les Turcs : les Croates, inférieurs en nombre, les avaient dressés à attaquer les chevaux des Ottomans, avant la bataille, pour désorganiser leur cavalerie. La première description des dalmatiens en Croatie a été faite par l’évêque Petar en 1374. On le trouve aussi très fréquemment figuré sur le blason de certains nobles croates. Son poil blanc à tâches noires, reconnaissable entre tous, lui valu sans doute de devenir le héros du célèbre dessin animé de Walt Disney, Les 101 Dalmatiens.
LES GULLIVERS DE DALMATIE. Une étude menée en 2001 par un spécialiste français est venue confirmer ce que les habitants de Dalmatie (Sud de la Croatie) savent depuis bien longtemps : les Dalmates sont, devant les Hollandais, les plus grands des Européens, avec 1,85 m de taille moyenne! Dans l’arrière-pays de Split, on compte jusqu’à un jeune Dalmate sur quarante de 2 mètres ou plus… Par comparaison, cette proportion est de 1 pour 330 chez leurs homologues allemands et nordiques (1,80 m de taille moyenne), et de 1 pour 10 000 chez les Français (1,76 m en myenne). Mais tous les Dalmates ne sont pas pour autant logés à la même enseigne. Ainsi, la taille moyenne est-elle de 182 cm à Dubrovnik, 183 cm à Zadar, 185 cm à Split et 185,5 cm à Sibenik, Imotski et Sinj. Mais la palme revient dans l’arrière-pays dinarique à Drnis où l’on atteint les vertigineux 188 cm pour les hommes et 174 cm pour les femmes ! C’est également sa taille extraordinaire – 2 m 37 ! – qui valu au plus grand Croate de tous les temps, Grgo Kusic (1892-1918), originaire de Grabovac près d’Omis, de faire partie de la garde impériale personnelle de l’empereur François-Joseph, à Vienne. Plus grand soldat de l’armée austro-hongroise, il fut aussi l’un des plus grands humains de l’histoire : selon le Livre des Records, l’homme le plus grand du monde est actuellement un Tunisien, mesurant 2 m 34, soit 3 cm de moins que Grgo Kusic…