La croatie du sud, d’île en île.
Dieu, que la cité de Dubrovnik est belle ! Enserrée dans ses murailles depuis plus de dix siècles, l’ancienne République de Raguse (1358-1808) n’a rien perdu de son attrait. Les outrages, que lui avaient infligés les artilleurs serbes lors des guerres qui ont ravagé l’ancienne Yougoslavie au milieu des années 1990, sont gommés. Parfois même un peu trop. Dubrovnik resplendit comme un sou neuf, attirant chaque année des centaines de milliers de touristes. Et les télévisions. C’est Dubrovnik, en effet, que la chaîne américaine HBO a choisi pour figurer la capitale de Game of Thrones et tourner dans les toutes prochaines semaines une nouvelle saison de cette série mythique.
À Dubrovnik, l’Histoire est, depuis le VIIe siècle, inscrite dans la pierre. Et offre aussi parfois des rencontres inattendues. Comme avec Roland de Roncevaux. Avant d’être tué dans les Pyrénées, le neveu de Charlemagne aurait délivré la ville assiégée par des pirates arabes. Reconnaissante la cité lui a érigé une statue au XVe siècle… qui a longtemps eu une utilité étonnante : l’avant-bras de Roland servait, en effet, de mesure (coudée ragusaine soit 51,2 cm), aux marchands de tissus.
Napoléon aussi est entré dans l’Histoire. Personne, ici, n’a oublié que la République de Raguse a été intégrée dans les Provinces illyriennes, un ensemble de territoires de la côte adriatique annexés à l’Empire français de 1809 à 1813. Soit cinq ans à peine. Mais le souvenir de cette période, et notamment celui lié au premier gouverneur Auguste de Marmont, est resté prégnant tant les bouleversements apportés ont été grands. Pour la première fois, les Croates ont ainsi été autorisés à utiliser officiellement leur langue.
Pour ceux qui préfèrent la fête, cap sur Hvar
L’Histoire est là, inscrite dans la pierre. Mais la vie, la vraie vie, a fui Dubrovnik, cédant la place aux boutiques de souvenirs, aux cafés, aux restaurants. La vraie Dubrovnik se découvre à l’extérieur de ses murs. Mais a beaucoup moins de charme.
Pour retrouver l’authenticité et le charme mieux vaut mettre le cas sur les îles bordant, comme un chapelet magnifique, la côte dalmate. Premier arrêt à Zaton. Une escale dans ce charmant port de pêche permet de découvrir les délices de la mer. Deuxième escale à Mljet. Cette île, à trois heures et demie, abrite un parc national dont la visite est chaudement recommandée. À quelques encablures de Mljet s’étend l’île de Korcula, du nom de sa capitale. Ancienne cité médiévale, Korcula a été merveilleuse préservée sans pour autant qu’en soient chassés ses habitants.
La ville, ancienne cité vénitienne, se distingue par son architecture. Divisée en deux par une grande artère nord-sud, allant de la Porte de la Terre à la Porte de la mer et passant devant une sublime cathédrale, Korcula est célèbre par son plan en arrête de poisson. D’un côté des rues courbes pour se protéger du fort vent froid de l’hiver, de l’autre des droites pour bénéficier de l’air rafraîchissant dumaestral, une légère brise d’été. Korkula présente aussi deux faits étonnants : on y trouve la maison « natale » de Marco Polo. Seul problème , l’explorateur est né au XIIe siècle, sa maison date du… XVe. Et on y fête depuis 13 ans le 30 juin. C’est-à-dire la moitié de l’année. Une bonne idée pour profiter de la douceur de vivre de cette île.
Pour ceux qui préfèrent la fête, cap sur Hvar. Depuis 1878, les touristes y sont rois. Il faut dire que le cadre est merveilleux : citadelle dominant la cité, eaux translucides, large place, restaurants divins… Et bars qui jusqu’à tard dans la nuit mélangent allègrement locaux, étrangers et jet-setteurs. Seul mot d’ordre : aimer s’amuser.
Frédéric Cheutin
Source : La Provence.com